15ème dimanche du temps ordinaire – Année A
Puisque nous n’avons pas le Commentaire de Charles de Foucauld au chapitre 13 de l’Evangile de Matthieu, nous proposons une partie de la Méditation au Psaume 64, prévu par la liturgie de ce même dimanche
Mon Dieu, il faut vous dire merci de toutes les paroles de ces derniers versets, car toutes nous retracent des bienfaits infinis : elles nous parlent de votre incarnation, et des grâces dont elle a «enivré» la terre, c’est le mot dont se sert l’Esprit Saint, et qu’il est vrai ! « Exaucez-nous Seigneur, notre salut » : oui, notre sauveur, notre rédempteur, notre si doux Jésus ! « L’espoir du monde entier jusqu’à ses extrêmes limites et jusqu’aux mers les plus lointaines » : oui, c’est sous ce nom déjà que vous aviez été annoncé par Jacob, ô bien-aimé Jésus, « les nations espéreront en lui », avait-il dit ; oui vous êtes bien l’espoir de tous les hommes : à peine êtes-vous paru que la lumière divine illumine le monde entier. « Vous qui faites les montagnes dans votre force et qui êtes ceint de toute-puissance ; vous qui troublez les profondeurs de la mer et faites mugir ses flots » : ô vous si grand et si puissant, Créateur et Maître souverain de tout ! «Les Gentils se troubleront et les nations les plus lointaines craindront à la vue de vos miracles » : vous vous ferez connaître et vous ferez craindre Dieu par vos prodiges et ceux de vos disciples… Vous comblerez tous les instants de l’année des bénédictions de votre bonté : vos champs se couvriront de moissons… » : oui, mon Dieu, vous préparez la terre par votre grâce, oui votre grâce l’inonde et remplit les âmes comme une eau débordée remplit les canaux d’un jardin ; oui votre grâce l’imprègne comme une rosée, et sous son action les âmes sourient à vos beautés, germent des vertus, se couvrent de fleurs et de fruits. «Les déserts eux-mêmes deviennent riants et fertiles ; les collines se couvrent d’une joyeuse parure. » Les âmes les plus sèches, les plus arides, les plus vides de vertus, les plus sombres et les plus souillées, les plus désolées, sous votre action, ô doux Jésus, se couvrent de fleurs comme on voit d’arides déserts le faire après une pluie printanière ; et le cœur qui ne semblait qu’une colline de pierres, sans ombre de vie, vous y faites germer et paraître de verts pâturages, la vie, le bien et l’espérance…
Disons souvent ce psaume en remerciant de toute notre âme Notre Seigneur de notre vocation, de son incarnation, des bienfaits infinis de sa grâce en nous et en tous les hommes, et en particulier, moi qui suis un pécheur converti, de ce qu’il a daigné tant arroser ce désert si stérile, si affreux, si souillé et je ne dis pas en tirer des fruits, hélas, mais du moins y faire renaître la vie et l’herbe verte de l’espérance! Remercions, remercions sans fin ! « Disons un hymne au Seigneur ! » Que ces mots, les premiers et les derniers du psaume, soient le cri de notre cœur. Et « disons un hymne au Seigneur dans Sion », dans sa maison, dans la maison qui lui est consacrée par l’Église, dans son monastère, sous l’habit qui veut dire que nous sommes tout à lui, sous l’habit que l’Église nous donne en son nom pour nous dire que nous lui appartenons, dans Sion, au pied de son tabernacle, sous son toit, son propre toit qu’il daigne faire le nôtre en nous admettant, comme l’un de ses enfants, à nous donner à lui dans un de ses monastères, monastères qui lui appartiennent si particulièrement, et par sa présence dans le tabernacle, et par les lois de son Église, puisqu’on les appelle « Biens d’Église ». Mon Dieu faites-moi toujours « chanter un hymne au Seigneur dans Sion [1] ! »
[1] M/128 sur Ps 64,7-fin en Foucauld (de) C., Méditations sur les psaumes. Méditations sur les psaumes et le prophètes (1897), Nouvelle Cité, Montrouge 2002, pp. 282-285.