19ème dimanche du temps ordinaire – Année A
Puisque nous n’avons pas le Commentaire de Charles de Foucauld au chapitre 14 de l’Evangile de Matthieu, nous proposons une Méditation au Psaume 85, prévu par la liturgie de ce même dimanche.
Merci, mon Dieu, de ce psaume, qui, s’il se rapporte à la fin de la captivité de Babylone, à la fin de toute captivité de nos âmes dans les liens du péché, s’applique surtout admirablement à la grande délivrance de toutes les âmes du joug du démon par le divin Sauveur. Que vous êtes bon de nous parler si souvent de lui ! de consoler et de fortifier nos pères qui ont lu ce psaume par l’attente et l’espérance ; de nous consoler, nous qui vous avons suivi, par la joie si douce d’entendre parler de vous, de faire croître notre foi et notre confiance par la vue de l’accomplissement de vos prophéties !
« Vous avez béni, Seigneur, notre terre » toute la terre, toute vôtre, toute sanctifiée et sauvée par Jésus ; et en particulier cette Terre Sainte qu’ont vue ses yeux et foulée ses pieds. « Vous avez fait cesser la captivité de Jacob », la captivité de tous les hommes, de tous les fidèles, tous vos enfants en délivrant le monde de l’esclavage de Satan. « Vous avez remis l’iniquité de votre peuple, vous avez caché tous ses péchés », vous les avez cachés en les détruisant, en donnant au monde le baptême et la pénitence qui détruisent tous ses péchés… « Vous avez adouci votre colère, vous avez fait cesser votre indignation » le jour où Jésus est venu sur la terre, une telle grâce répandue sur le genre humain montrait bien que c’est non l’indignation mais un amour, une miséricorde infinie qui vous anime… « Seigneur vous vous tournerez vers nous et nous donnerez la vie, et votre peuple se réjouira en vous »… Oui, mon bien-aimé Jésus, vous vous tournez vers tous les hommes sans exception, pour être à tous leur vie et joie dans le temps et dans l’éternité [1].
Que vous êtes bon, mon Dieu, de nous donner ce psaume qui, en termes si doux, rappelle tous nos bonheurs… Mais quelle bonté plus grande encore de nous avoir donné tous ces biens, et ce Jésus notre salut, votre miséricorde, la vérité, la justice, la paix, votre gloire et la nôtre, votre bonté… et aussi ces paroles de consolation que vous murmurez au fond de nos cœurs, ces paroles de paix que vous faites entendre à nos âmes.
«Montrez-nous, Seigneur, votre miséricorde», le fruit de votre miséricorde envers nous, Jésus ! « Donnez-nous votre salut », le salut qui vient de vous, Jésus !.. « J’écouterai ce que le Seigneur dira dans mon âme », les consolations intérieures qu’il me donne. « Il dit des paroles de paix à son peuple », il répand intérieurement une douce paix. « Son salut est près de ceux qui le craignent », il est près de nous le salut, le Sauveur qui vient de lui, Jésus ! « La gloire habite dans notre terre », il habite notre terre, celui qui est toute gloire, Jésus ! « La miséricorde et la vérité se sont rencontrées. » Elles se sont rencontrées dans le même être qui possède la plénitude de toutes les perfections, en Jésus !.. « La justice et la paix se sont embrassées. » Elles se sont embrassées en celui qui possède la plénitude de toutes les perfections, en Jésus ! « La vérité est née de la Terre », celui qui comme Dieu est la vérité incréée, Jésus, est né de la terre, du sein de la bienheureuse Vierge Marie. « La justice a regardé du haut du ciel » et s’est abaissée jusqu’à nous, quand celui qui est toute justice, le Verbe a pris un corps et a habité parmi nous sous le nom de Jésus…
« Dieu nous a donné sa bonté », celui qui est la bonté incréée, Jésus ! « Et notre terre a donné son fruit », le fruit qu’elle attendait depuis Adam, le fruit le plus parfait qu’elle puisse jamais donner, son fruit par excellence, le fruit par conséquent en vue duquel elle avait été créée, et non seulement elle, mais l’univers entier qui est tellement au-dessous de ce fruit d’un prix infini. « La justice marche devant lui », toutes les perfections, la réunion de toutes les vertus accompagne Jésus. « Il posera ses pieds dans la voie. » Il donnera au monde l’exemple de la sainteté infinie, de la perfection dont Dieu est parfait [2].
[1] M/167 sur Ps 84,1-7 en Foucauld (de) C., Méditations sur les Psaumes. Méditations sur les psaumes et les prophètes (1897), Nouvelle Cité, Montrouge 2002, pp. 357-358.
[2] M/168 sur Ps 84,8-fin in Foucauld (de) C., Méditations sur les Psaumes. Méditations sur les psaumes et les prophètes (1897), Nouvelle Cité, Montrouge 2002, pp. 358-359.