21ème dimanche du temps ordinaire – Année A
Puisque nous n’avons pas le Commentaire de Charles de Foucauld au chapitre 16 de l’Evangile de Matthieu, nous proposons la Méditation 451 à l’Evangile de Jean.
« Comme je vis par mon Père, ainsi celui qui me mange vit par moi. »
Que vous êtes bon, mon Dieu, et quelle parole infiniment douce !.. « Vivre par vous », vivre de vous, de votre inspiration, vivre non plus de notre vie naturelle, mais de votre vie divine, vivre de telle manière que nous pouvons dire comme saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus qui vit en moi »… Voilà la vie que produira en nous la sainte communion, si nous la recevons dignement, voilà l’effet qu’elle doit produire, voilà ce à quoi vous nous invitez, voilà ce que vous voulez établir en nous en nous ordonnant de communier, de communier souvent… Que vous êtes bon, mon Dieu !.. Que vous êtes bon, non seulement de vous donner à nous dans la sainte communion, ce qui est déjà une grâce sans pareille et sans nom, mais encore de nous ordonner de la recevoir souvent, et enfin, pour porter le comble à des bontés qui semblent ne plus pouvoir être augmentées (à Dieu tout est possible), de nous apprendre l’effet qu’elle produira en nous, un effet si divin qu’il doit être l’objet de tous nos désirs, de toutes nos prières, qu’il suffit pour faire que nous fassions en tout le plus parfait, que nous glorifions Dieu autant qu’il le veut de nous, que nous fassions en tout sa volonté, que nous lui plaisions à tout instant autant qu’il nous est possible, cet effet, c’est qu’en nous comme en saint Paul, « ce ne soit plus nous qui vivions, mais Jésus qui vive en nous »… Mon Dieu, que vous êtes bon de poursuivre avec cette force, cette constance, ce but si bienheureux pour nous « d’allumer un feu sur la terre », d’allumer en tous les hommes le feu de l’amour de Dieu ! Avec quelle joie vous nous établissez dans l’amour divin par la sainte Eucharistie, puisque par elle vous faites que « ce n’est plus nous qui vivons en nous, mais Jésus qui vit en nous ». C’est l’amour parfait que vous établissez dans nos cœurs par la sainte Eucharistie… En nous la donnant, «vous nous aimez jusqu’à la fin», non seulement parce que vous nous aimez jusqu’à l’excès le plus incompréhensible, le plus surhumain, le plus divin, mais encore parce que vous nous aimez jusqu’à produire l’effet, jusqu’à atteindre le but, « la fin » que vous poursuivez par toutes vos paroles, tous vos exemples, c’est-à-dire, l’établissement dans nos cœurs de l’amour de Dieu par-dessus tout… Combien merveilleusement vous atteignez « cette fin » par la sainte Eucharistie, puisque par elle, comme vous nous le dites ici, « ce n’est plus nous qui vivons, c’est Jésus qui vit en nous », « nous vivons par Jésus, comme il vit par son Père » !
Demandons sans cesse à Dieu d’accomplir en nous cette « fin » de ses enseignements, de ses paroles, de ses exemples, cette fin de la sainte Eucharistie elle-même, cette fin qui contient toute perfection possible et qui consiste en ce que « ce ne soit plus nous qui vivions en nous, mais Jésus qui vive en nous ». Que ce soit notre prière, notre désir de toute heure, en vue de Dieu, en vue de sa gloire… Et demandons-la pour tous les hommes comme pour nous-même en vue de Dieu[1].
[1] M/451, sur Jn 6,55-58, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 168-169.