1er Dimanche de l’Avent – Année B
« Veillez »…
Que vous êtes bon, mon Dieu ! Que vous vous oubliez ! Quelques heures vous séparent de votre passion et pas une de vos paroles n’y a trait ; toutes sont pour l’instruction, le bien de vos disciples ; vous vous oubliez complètement ; vous ne pensez qu’au bien des autres… Que vous êtes bon ! Quel amour, quelle tendresse dans cet oubli de vous, dans cette occupation constante du bien du prochain ! Ô merci, mon Dieu, merci de cette infinie tendresse et merci de cet exemple !
Oublions-nous… oublions-nous, pour ne chercher que le bien de Dieu, en vue de Dieu… Oublions-nous pour chercher sans cesse le bien du prochain en vue de Dieu… Entre le bien du prochain et le nôtre n’hésitons pas, choisissons toujours celui du prochain (dans la mesure où l’obéissance au directeur le permet, bien entendu : l’obéissance avant tout, toujours : « Qui vous écoute, m’écoute » et « Celui qui m’aime, c’est celui qui m’obéit »), comme la Sainte Vierge inspirée et animée de Jésus, préfère le bien du prochain au sien, le bien de St Jean Baptiste et de Sainte Elisabeth, à sa solitude avec Jésus et part pour accomplir la visitation, comme Jésus ici ne pense pas à Lui, mais à ses disciples… En toute vie il faut beaucoup penser à Dieu, sans cesse à Dieu, à l’œuvre de Dieu, et peu à nous-mêmes; il faut d’une part l’adorer, le contempler sans cesse, Lui être uni sans cesse au fond du cœur, et de l’autre, faire l’œuvre qu’il demande de nous, la faire en vue de Lui, non en vue d’aucune créature; de cette façon, soit que nous vivions de la vie de Nazareth, soit de celle du désert, soit de la vie publique, nous sommes toujours avec Jésus, nous agissons toujours en vue de Lui seul ; si nous menons la vie de famille, la vie solitaire, la vie apostolique, ces 3 vies, diverses au dehors, sont toutes 3 semblables en ce qu’elles sont toutes des vies de contemplation continuelle, des vies employées toutes entières en vue de Jésus seul, sous ses yeux et pour Lui ; dans toutes trois nous nous oublions complètement, et, soit que nous vivions seuls, soit que nous vivions avec quelques-uns ou mêlés au monde, nous nous oublions toujours complètement et vivons toujours avec Jésus et pour le seul Jésus… Quelle que soit extérieurement notre vie, elle doit toujours être une vie de total oubli de nous-mêmes, pour ne vivre qu’en vue de Dieu dans Sa contemplation et Son obéissance, dans l’accomplissement de tout ce qu’il veut de nous… Oublions-nous donc pleinement et ne vivons que pour Dieu seul, faisant à tout moment, soit à notre égard, soit à l’égard des autres, ce qui plaît le plus à Dieu, en vue de Lui seul… Et nous voyons par l’exemple de Jésus dans sa vie publique, où il n’avait même pas le temps de manger et où cependant Il se retirait souvent dans la solitude, que quand Dieu nous emploie au service du prochain, à la vie d’ouvrier évangélique, Il veut deux choses, qu’il faut faire toutes deux en vue de Lui seul: l’une, que nous nous oubliions complètement à certains moments pour le prochain, lui sacrifiant tout notre temps, l’autre, que nous nous retirions résolument de son service de temps en temps, souvent, pour passer quelques jours dans la solitude, afin de nous y retremper, d’y adorer Dieu en liberté, et d’y reprendre dans une tranquille contemplation, les forces et les lumières nécessaires pour continuer notre ministère auprès des hommes… Alternation de solitude et de travaux apostoliques, non pas les 1ers pour nous, les autres pour le prochain, mais pour Dieu seul, en vue de Dieu seul, voilà ce que Dieu demande de nous quand Il nous appelle à prêcher l’Evangile (soit comme laïc chargé du prochain ou chargé d’âmes dans une communauté de cénobites, soit comme apôtre dans le monde) [1].
[1] M/236, sur Mc 13,34-37, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 177-179.