Disciples de l'Évangile

Commentaire de Charles à l’Évangile du 30 juin – Mc 5, 21-43

13ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année B

« Et il alla avec lui »…

Que Vous êtes bon, mon Dieu, à la première nouvelle de la maladie de cette enfant, à la première demande qu’on vous fait de la guérir, quittant tout, Vous suivez celui qui vous appelle ! Que Vous êtes bon !

Quittons tout, interrompons toutes nos occupations, dès qu’une œuvre de charité se présente. Jésus faisait ainsi pour les hommes : imitons-le !.. Et faisons-le d’autant plus que non seulement nous l’imitons en faisant ainsi, mais c’est envers Lui-même que nous pratiquons la charité, c’est envers un de Ses membres, par conséquent envers Son Corps, envers Lui-même que nous sommes charitables, c’est pour Lui-même que nous quittons tout… Quelle double raison, infiniment puissante, pour nous faire tout quitter aussitôt que la charité appelle ! C’est Jésus Lui-même qui appelle, et c’est Son exemple qui nous incite… Quittons tout aussi, quand l’heure de la prière, de la méditation, de la fin du travail manuel arrive ; là aussi c’est Jésus qui appelle : il demande non les services matériels pour Son corps, mais les hommages et les tendresses, les paroles d’amour, les caresses auxquelles il a droit comme notre Dieu et notre EpouxAvec quel zèle nous devons les Lui donner ! Comme nous devons tout quitter pour les Lui offrir [1] !

« Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix et sois guérie »…

Mon Dieu, que Vous êtes bon ! Que Vous êtes bon envers cette femme en la guérissant ! Que Vous êtes bon envers tous les hommes futurs en leur donnant cet exemple de charité et cette preuve de Votre bonté et de la confiance qu’ils doivent avoir envers Vous !.. Que Vous êtes bon envers les assistants en leur prouvant la divinité de Votre mission par ce miracle !.. Que Vous êtes bon envers tous les hommes futurs en leur donnant cette preuve miraculeuse de Votre mission divine !.. Que Vous êtes bon envers cette femme, les assistants et toutes les générations avenir, en leur donnant cette leçon de foi et d’humble et muette prière !

Soyons charitables comme Jésus, pour les âmes et les corps… Par cette guérison Jésus fait du bien à un corps et un plus grand bien encore à une foule innombrable d’âmes : faisons de même tout le bien possible, suivant les moyens que Dieu nous donne et dans l’obéissance à notre père spirituel ; que cette obéissance et la possibilité soient nos seules limites… Faisons du bien aux corps et aux âmes, à tous deux toujours, autant que possible, mais surtout, surtout aux âmes immortelles : aux deux, mais faisant toujours passer les âmes infiniment avant les corps, comme Jésus qui faisait ici du bien à un seul corps et à une foule incalculable d’âmes… Ayons foi en la puissance de Dieu, de Jésus Dieu, Dieu en nous, Dieu en tout homme, Dieu partout (« En Lui nous nous mouvons et nous sommes »), Dieu qui nous voit du ciel, Dieu qui nous voit du tabernacle, et ayons foi en Sa bonté, en Son Cœur percé, épuisé, mort pour nous, pour chacun de nous… Prions-Le dans tous nos besoins, et dans tous les besoins de ceux dont Il nous a spécialement chargés, parents, amis, voisins, tous ceux qu’il a mis près de nous dans le pèlerinage de la vie, dans les besoins de tous les hommes qui sont tous nos frères, que nous devons tous aimer avec une tendresse d’autant plus grande que nous aimons plus tendrement leur Père, Dieu, et Jésus dont ils forment le corps, Jésus dont ils sont les membres, Jésus qu’on aime Lui-même en aimant Ses membres, Jésus qui a donné Son sang pour chacun d’eux… Prions avec foi, foi dans la bonté et la puissance de Dieu, foi dans Sa promesse cent fois répétée de nous exaucer chaque fois que nous Le prierions avec foi ; prions-Le avec foi qu’il nous exaucera ; qu’il nous exaucera ou en nous accordant ce que nous Lui demandons, ou en nous accordant quelque chose de meilleur ( puisque dans Son ineffable bonté Il s’est réservé ce droit miséricordieux en nous promettant de nous exaucer )…

Prions-Le sans beaucoup de paroles, mais avec beaucoup de foi, d’humilité, d’amour, de confiance filiale : on peut le prier sans aucune parole, comme Il nous le montre ici en louant la prière muette de cette femme ; un regard, un désir, une élévation humble et tendre vers Lui suffisent : « Ne priez pas avec beaucoup de paroles comme les païens », a-t-il dit… « Ils n’ont pas de vin »… « Celui que vous aimez, est malade »… Et ici, un simple attouchement… Voici les prières qui plaisent à Celui « qui connaît tout ce dont nous avons besoin avant que nous demandions. » Notre besoin demande de lui-même à Celui qui voit tout ; accompagnons cette demande naturelle d’un regard silencieux vers Dieu, d’un élan muet de confiance, d’abandon, d’amour, d’un cri : « Que votre volonté se fasse », et soyons sûrs que nous serons exaucés et que nous recevrons pour nous, pour les autres, pour tous les hommes ce qui est le plus désirable, les grâces les meilleures du Père des Miséricordes…

Oh ! Oui, mon Dieu, que Votre volonté se fasse en moi, et en tous les hommes… Je ne demande rien de plus, mais cela je le demande de toute mon âme, en Vous, par Vous et pour Vous. Amen, amen, amen [2].

Mon Dieu, que Vous êtes bon ! A cette jeune fille Vous rendez la vie, et en même temps, les moyens, les grâces pour acquérir dans l’éternité un accroissement de bonheur… A ces parents Vous rendez leur fille… A vos apôtres, à cette famille, à tous ceux qui ont eu alors connaissance du miracle et à tous ceux qui depuis ont connu vos Évangiles, Vous avez donné ou augmenté la foi en Votre mission divine, donné une leçon de charité, donné un enseignement sur le devoir de croire, par cette parole : « Crois seulement », montré jusqu’où il faut pousser la bonté, la tendresse, la délicatesse de la bonté, non en Vous contentant de ressusciter cette enfant, mais en disant ensuite : « Donnez-lui maintenant à manger », ne dédaignant pas, aussitôt après avoir fait ce grand miracle, d’entrer dans ce petit détail familier, ce petit soin maternel… A tous ceux qui ont connu ce miracle, Vous inspirez confiance, espérance, courage, en leur faisant voir l’infinie bonté de Votre Cœur… Vous portez, par tous ces bienfaits et surtout par cette vue de Votre infinie bonté, les hommes à Vous aimer, ô Très Doux Jésus, et à aimer la Bienheureuse Trinité dont Vous êtes la deuxième Personne…

Croyons… Croyons que Jésus peut tout et qu’il nous accordera tout ce que nous Lui demandons avec foi : Il nous l’accordera, parce qu’il est infiniment bon et tout-Puissant ; Il nous l’accordera d’autant plus qu’il nous l’a formellement promis ; Il nous l’accordera, soit en nous donnant la chose demandée soit en nous en donnant une meilleure; s’il nous fait attendre, si nous recevons tard ou jamais, soyons sûrs que l’attente est ce qui nous est le meilleur, que recevoir tard ou jamais nous est meilleur que recevoir tout de suite… Soyons charitables et pour les âmes et pour les corps, autant que Dieu nous en donne le moyen, que Ses représentants nous le permettent, que Dieu le veut de nous ; faisons du bien aux âmes, travaillons à leur salut, à leur perfectionnement ; consolons les cœurs ; soulageons les corps : les trois sont nécessaires ; Jésus nous donne l’exemple des trois ; nous devons les trois à Jésus, au corps de Jésus, aux membres de Jésus et, par conséquent, à tous les hommes, tous membres de Jésus, tous partie de Jésus : « Tout ce que vous faites à un de ces petits, vous me le faites »… Nous devons faire à tous les hommes, aux corps, aux cœurs, aux âmes, tout le bien que le père le plus tendre veut que ses enfants se fassent entre eux…

Et soyons délicats sans fin dans notre charité ; ne nous bornons pas aux grands services, ayons cette tendre délicatesse qui entre dans les détails et sait par des riens mettre tant de baume dans les cœurs — « Donnez-lui à manger », dit Jésus —, entrons de même avec ceux qui sont près de nous dans les petits détails de santé, de consolations, de prières, de besoins, consolons, soulageons par les plus minutieuses attentions ; ayons, pour ceux que Dieu met près de nous, ces tendres, délicates, petites attentions qu’auraient entre eux des frères très tendres, et des mères très tendres pour leurs enfants, afin de consoler autant que possible tous ceux qui nous entourent et d’être pour eux un objet de consolation et un baume comme le fut toujours Notre-Seigneur pour tous ceux qui l’approchèrent, soit pour la Sainte Vierge et Saint Joseph, soit pour les apôtres, Sainte Magdeleine et tous les autres… A quel point Il fut une consolation, une douceur pour ceux qui l’approchèrent ; nous devons, autant qu’il est en nous, tâcher de Lui ressembler en cela ainsi qu’en tout, et passer dans ce monde, en sanctifiant, en consolant, en soulageant dans la plus grande mesure qu’il nous est possible [3].


[1] M/195, sur Mc 5, 21-24, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 120-121.

[2] M/196, sur Mc 524-34, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 121-123.

[3] M/197, sur Mc 5,35-43, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 123-125.