11ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année B
« Pourquoi êtes-vous timides? N’avez-vous pas encore de foi ? »
Que Vous êtes bon, mon Dieu, que vous êtes divinement bon ! Non seulement Vous secourez Vos apôtres et cela avec une puissance divine et une efficacité complète, à la première parole qu’ils vous disent, mais encore Vous leur reprochez de n’avoir pas eu assez de confiance en Vous, de n’avoir pas été assez certains qu’ils n’avaient qu’un mot à Vous dire, pour que Vous changiez la tempête en un grand calme… Non seulement cela, mais par ce reproche même que Vous leur faites, Vous invitez tous les hommes de toutes les générations à Vous prier dans tout danger, toute difficulté, et à Vous prier avec une telle confiance que Vous ne leur permettez pas de craindre un seul instant de n’être pas secourus.
Ce que Vous reprochez ici à Vos apôtres, mon Dieu, ce n’est pas de Vous avoir appelé, ou du moins ce n’est pas de Vous avoir prié… Vous leur reprochez certainement : 1) d’avoir eu peur, ils n’auraient pas dû avoir peur, car on ne doit craindre que le péché, que ce qui est opposé à Dieu, et les accidents naturels sont toujours voulus de Lui ; on peut cependant, et on doit même tâcher de se préserver contre eux; c’est un devoir de sauver la vie des autres et aussi de sauver la sienne propre ; on n’a le droit ni de laisser mourir les autres, ni non plus de se laisser mourir par un manque de soin qui rend la mort comme volontaire ; aussi les accidents que Dieu nous envoie et qui causeraient notre mort ou celle du prochain, si nous n’agissions pas par nos prières ou par nos actes, ne sont envoyés de Dieu souvent que pour nous rapprocher de Lui par la prière, pour échauffer notre reconnaissance, en sentant que nous Lui devons le salut, que pour allumer notre charité ou en sauvant les autres par nos soins, ou en étant sauvés par les leurs ; Dieu se sert aussi de ce moyen pour nous montrer combien la vie est courte, les choses terrestres périssables… Mais il ne faut jamais craindre et cela pour deux motifs : d’abord, parce qu’il n’arrivera jamais que ce que Dieu voudra, si notre volonté est indissolublement unie et conforme à la sienne; ensuite, parce que s’il est désirable que nous échappions à ce danger, il nous suffit de prier Dieu, en faisant de notre côté ce que nous pouvons selon la raison et la justice (car Dieu ne veut pas que nous attendions tout de Lui, sans agir nous-mêmes; et que nous comptions sur des miracles visibles, continuels; rappelons-nous ce qui arriva dans le naufrage de Saint Paul à Malte), et nous devons avoir pleine confiance que si nous faisons ces deux choses, prière et action convenable (selon nos moyens), nous serons certainement exaucés de Dieu et il arrivera ce qui est particulièrement profitable aux âmes et à la gloire de Dieu ; après avoir fait de notre côté ces deux choses, l’événement quel qu’il soit, sera tel que nous devons le désirer, car il sera celui que nous voudrions si nous connaissions les desseins de la Sagesse divine, celui que nous voulons, car nous voulons tout ce que Dieu veut, tout ce qu’il fait pour le bien des âmes, pour Sa gloire.
2) Notre-Seigneur leur reproche certainement non seulement d’avoir eu peur, avant de l’avoir appelé, avant d’avoir prié, mais encore de n’avoir pas eu confiance en leur prière, d’avoir douté de l’efficacité de leur prière… Nous devons toujours croire que nous serons exaucés : Dieu est notre Père ; Il nous a assez prouvé Son amour, pour que nous devions, par reconnaissance, croire qu’il nous exaucera chaque fois que nous Lui ferons une prière raisonnable, comme un bon père exauce toujours en ce cas son enfant, (avec cette seule réserve que, comme nous sommes de vrais enfants, ignorants et aveugles, Dieu se réserve, quand nous Lui demandons quelque chose de nuisible ou de médiocre, de nous donner quelque chose de meilleur que ce que nous souhaitions : tendre et miséricordieuse réserve du Cœur de Dieu !). Dieu nous a mille et mille fois répété qu’il nous exaucerait chaque fois que nous le prierions humblement et avec foi : c’est Lui faire injure, c’est douter de la parole qu’il nous a solennellement donnée, que de craindre de n’être pas exaucé lorsque nous le prions ainsi. Croyons donc que nous serons exaucés, puisqu’il nous l’a promis de Sa propre bouche…
En outre Notre Seigneur reproche peut-être aux apôtres une troisième chose : c’est de l’avoir éveillé et de l’avoir appelé à haute voix, comme si Dieu toujours présent ne les entendait pas, et comme une si prière intérieure et à voix basse, une simple élévation de l’âme n’eût pas suffi. En effet, Vous êtes toujours là, ô mon Dieu, Votre humanité peut dormir au fond de la barque, le tabernacle peut être loin de nous, mais Votre divinité est partout, veille partout, voit tout et peut tout… Au milieu des flots, des déserts, des flammes, des ennemis, des assassins, Votre divinité est en nous et autour de nous, ô Jésus, prête à nous donner son secours tout puissant à notre appel intérieur, prête dans sa bonté à nous faire tout le bien qu’un père tout puissant ferait à son fils tendrement aimé, prêt à nous sauver avec une facilité infinie du mal qui nous menace, et prêt à nous y laisser succomber saintement, si cela est pour notre bien, pour le bien des âmes, pour Sa gloire[1].
[1] M/193, sur Mc 4,25-40, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 113-116.