24ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année B
Que vous êtes bon, mon Dieu, de reprendre si vivement Saint Pierre, pour notre instruction à tous, de ce qu’il ne goûtait pas la croix ! Que Vous êtes bon de nous montrer par la vivacité de Vos paroles combien la croix est du goût de Dieu, combien aimer la croix, chercher la croix, désirer, demander la croix à Dieu, c’est avoir le même goût que Dieu ; et combien fuir, tâcher d’éviter la croix, c’est avoir le même goût que le monde… Que vous êtes bon, mon Dieu, de nous apprendre ici d’une manière si vive et si péremptoire que tous tant que nous sommes, si nous voulons avoir le même goût que Dieu, imiter Dieu, être unis à Dieu, il faut désirer, chercher la souffrance, la croix ! Merci, mon Dieu, de nous dire ici si nettement cette vérité que Vous nous avez enseignée par tant de paroles et d’exemples, mais qui, malgré tout, par la ruse du démon et la lâcheté de notre nature, semble être sans cesse en travail pour s’effacer de notre pensée.
Aimons, cherchons, désirons, demandons la croix, la souffrance, en disant toujours, des lèvres et du cœur : « Toutefois, non ma volonté, mais la vôtre », et en restant en tout dans l’obéissance à Dieu et à ses représentants, dans nos désirs comme dans nos actes, car « l’obéissance vaut mieux que le sacrifice », car nous devons porter non une croix quelconque, mais celle que Dieu nous destine, et nous devons porter, non celle qui nous plaît, mais celle qui glorifie le plus Dieu, et que Lui seul connaît… Aimons, cherchons, désirons, demandons la croix toujours, toujours, et par la prière, et en la demandant à notre directeur spirituel… Mais restons dans une parfaite obéissance, car nos croix ne glorifient Dieu qu’à condition de nous être données par Lui-même, par Sa propre main ou par celle de ses représentants… Et chaque fois que la croix nous est donnée, demandée ou non, attendue ou non, baisons-la avec amour, embrassons-la de tout notre cœur, portons-la amoureusement, gardons-nous de la laisser tomber, et de la jeter à terre, portons-la comme Notre-Seigneur, jusqu’à tomber sous son poids… Il est tombé trois fois sous son poids durant le chemin de croix, pour nous apprendre à ne la quitter jamais, mais à la porter toujours, toujours, sans la lâcher, dussions-nous tomber et retomber sous elle… Après tout, pourquoi nous est donnée cette vie, si ce n’est pour porter notre croix, jusqu’à tomber avec Notre-Seigneur Jésus et être cloué sur elle comme Son vrai frère, partageant Ses tourments pour participer à Ses bonnes œuvres et partager Sa gloire… Si Jésus a tant souffert, s’il nous a dit de l’imiter, n’est-il pas évident qu’il veut que tous nous souffrions… S’il nous a dit que la deuxième condition pour être Son disciple c’est de porter notre croix chaque jour, n’est-ce pas parce qu’il veut que la souffrance soit notre pain quotidien ?.. Mon Seigneur Jésus, daignez, je Vous en prie, bien me pénétrer du prix, de la nécessité de la souffrance, du soin avec lequel nous devons porter amoureusement notre croix chaque jour, afin que nous goûtions ainsi ce qui est de Dieu et que nous ne goûtions pas ce qui est du monde[1].
[1] M/212, sur Mc 8,27-33, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 148-149.