4ème Dimanche de l’Avent – Année B
Mon Dieu que Vous êtes bon ! Vous êtes incarné ! Vous, Dieu, avoir pris un corps et une âme humains et être venu habiter visiblement parmi nous, « conversant au milieu des hommes », vivant avec eux comme l’un d’eux… Et cela pourquoi ? Par bonté, par bonté pour les hommes, pour les sauver et les sanctifier… Vous auriez pu les sauver et les sanctifier par des millions d’autres moyens, un seul acte de votre volonté aurait suffi pour les rendre plus saints et plus aimants que des séraphins… Pourquoi ?.. Convient-il de sonder de tels mystères ?.. Ce qui est certain, c’est que Vous êtes le Dieu d’amour : « Deus charitas est », et que Vous avez pris pour sauver Vos créatures, entre des millions et des millions de moyens, celui qui vous coûtait le plus ; Vous qui pouviez si facilement les sauver et les sanctifier sans qu’il vous en coûtât rien, Vous avez voulu entasser miracle sur miracle pour employer un moyen inouï, incompréhensible, chef-d’œuvre de Votre suprême Sagesse et de Votre Toute-Puissance, pour les sauver au plus haut prix possible : « Vous avez été rachetés d’un grand prix », nous dites-Vous Vous-même… Vous pouviez acheter notre salut et notre sainteté un sou, Vous refusez et Vous déclarez que Vous voulez les payer cent mille francs, dit Saint-Jure. Pourquoi cela ? Parce que Vous êtes le Dieu d’amour : « Deus charitas est », et qu’étant amour infini, vous agissez selon Votre nature, avec un amour infini, et employez pour vos œuvres des moyens pleins d’un amour infini… Amour, Vous agissez et par amour et avec amour, amour infini et divin, Vous agissez par un amour divin et avec un amour divin, produisant des actes, Vous servant de moyens pleins d’un amour infini, divin, « aussi éloigné de nos pensées que l’Orient l’est de l’Occident »… Il n’est pas étonnant que les effets produits par Votre nature qui est l’infini Amour, soient pleins d’un amour incompréhensible, infiniment au-dessus de nos pauvres cœurs et de nos pauvres esprits. Chaque être agit selon sa nature. Vous êtes amour, ô mon Dieu, c’est pourquoi Vous nous donnez ce témoignage d’amour, dont nulle âme humaine ne peut comprendre le mystère, comme Votre incarnation et Votre Passion !
L’Incarnation, mystère d’amour et mystère d’humilité… Dieu nous aime au point de se donner à nous… Dieu s’abaisse au point de se faire homme ; et pour bien appuyer sur cette humilité Il se fait l’homme « le plus abject du peuple » durant toute sa vie… « Dieu nous a aimés au point de donner pour nous son Fils unique »… « Jésus doux et humble de Cœur »… « Aimons Dieu qui nous a aimés le premier »… Aimons les hommes que Dieu aime tant, conformant notre cœur au Sien… Soyons humbles, fuyons toute élévation, car « toute élévation est en abomination devant Dieu » ; nous ne pouvons pas imiter Dieu dans son abaissement infini, se faisant Lui, Créateur, le semblable de ses créatures, imitons-Le du moins dans ce que son abaissement a de fini, nous faisant comme Lui « l’abjection du peuple », le dernier des hommes, restant avec Lui le plus pauvre ouvrier de Nazareth, comme il m’a fait la grâce incomparable, infinie, de l’être… Ensevelissons-nous avec Lui dans ce bienheureux rien, dans cet anéantissement où Il a été toute Sa vie, soit à Bethléhem, soit à Nazareth, soit prédicateur sans une pierre où reposer Sa tête, soit au calvaire… Descendons, descendons, anéantissons-nous, faisons-nous rien devant nous-mêmes et devant les hommes, soyons, restons comme Jésus l’a été de Sa naissance à Sa mort, « l’abjection du peuple »[1].
[1] M/260, sur Lc 1,1-38, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 209-211.