2ème Dimanche de Carême- Année B
Transfiguration…
Que vous êtes bon, mon Dieu, de fortifier les âmes par des douceurs, des faveurs, dans la mesure où elles en ont besoin pour supporter les croix à venir… St Pierre, le fondement de l’Église, St Jacques, le premier apôtre martyr, St Jean, le dernier survivant des douze, celui qui aura à combattre le plus longtemps, montent avec Vous au Thabor, où Vous leur donnez et cette preuve péremptoire de Votre divinité et cette jouissance indicible de la contemplation de Votre beauté radieuse… Vous fortifiez leur foi et leur cœur en prévision des luttes à venir… Comment leur foi pourra-t-elle défaillir, après Vous avoir vu dans l’éclat de Votre divine Majesté ? Comment leur cœur pourrait-t-il aimer désormais autre chose que Vous, après Vous avoir vu dans Votre céleste beauté ?.. Que vous êtes bon, mon Dieu, de donner toujours à nos pauvres âmes, si faibles, force, lumière, amour dans la mesure qu’il leur faut pour accomplir les travaux que Vous leur destinez.
Plus il nous est donné, plus il nous sera demandé ; qui a reçu cinq talents devra en rendre cinq autres… Qui a vu Jésus transfiguré, devra L’aimer, Lui obéir, L’imiter parfaitement tous les jours de sa vie et donner si Dieu le veut tout son sang pour Lui comme firent les trois apôtres… Si nous recevons des grâces, remercions, mais en même temps tremblons, tremblons d’être infidèles en voyant nos dettes s’augmenter et notre avoir si mince, tremblons de ne pas payer ce que nous devons ; remercions, mais aussi demandons, demandons à être fidèles, que toute grâce, faveur fasse monter ces deux prières de nos cœurs : Rendez-moi reconnaissant, rendez-moi fidèle… Surtout que les grâces ne nous rendent pas orgueilleux !.. Ce serait la folie des folies ! D’abord, elles ne viennent en rien de nous et sont un pur don ; puisqu’elles rendent notre fidélité plus difficile, nos devoirs plus grands, notre tâche plus lourde, notre idéal plus haut devant ces devoirs grandissants… : loin de nous enorgueillir, nous devons sentir plus profondément notre faiblesse, notre impuissance, notre incapacité, notre néant… Nous devons mieux voir, devant cet idéal plus beau, combien nous sommes loin de lui ; plus notre modèle est haut, plus nous devons sentir notre bassesse ; plus Dieu nous demande, plus nous devons sentir combien peu nous Lui donnons… Loin de nous enorgueillir, les grâces, les faveurs, les privilèges, plus ils sont grands, singuliers, précieux doivent nous humilier, et en nous humiliant, nous jeter dans les bras de Dieu par la prière, sentant mieux que jamais combien il nous est impossible par nous-mêmes de répondre à de telles obligations et combien nous n’avons de refuge qu’en Dieu : Qu’il achève Lui-même en nous Son œuvre, Lui qui l’a commencée !.. Ainsi que toute grâce nous mette devant les yeux en caractères de feu ces mots : « Il sera plus demandé à celui qui a plus reçu. [1] »
[1] M/215, sur Mc 8,36-9,16, en C. de Foucauld, La Bonté de Dieu. Méditations sur les saints Evangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, pp. 153-154.