2ème Dimanche de l’Avent – Année C
Charles de Foucauld n’a pas commenté l’Evangile de Lc 3,1-6, prevu par l’Année Liturgique C. Nous proposons alors, pour ce 2ème dimanche de l’Avent, le commentaire au texte parallele de l’Evangile selon saint Matthieu.
Imitons l’humilité de S. Jean, digne précurseur de Celui qui fut « doux et humble de cœur », s’humiliant dans sa personne : « Je suis indigne de porter ses chaussures », et dans ses œuvres : « Moi je ne baptise que dans l’eau, mais Lui… » … A son exemple abaissons-nous dans notre personne et dans nos œuvres ; n’en voyons que les petits côtés, que les faiblesses, que les imperfections, qui seuls d’ailleurs nous appartiennent, seuls sont nôtres, tout ce qu’il y a de bon en nous étant à Dieu… Regardons sans cesse ces deux abîmes que S. Jean a ici devant les yeux et qu’il met devant les nôtres : l’abîme de notre petitesse et l’abîme de la grandeur de Dieu… Regardons-nous toujours en face de Dieu, à la lumière de ses perfections divines (ce qui est la seule vraie manière de nous considérer, puisque nous sommes en Dieu et que Dieu est en nous ; nous sommes en Lui, nous nous mouvons en Lui, il nous pénètre tout entier et nous enveloppe de toutes parts, nous sommes inséparables de Lui), voyons-nous donc toujours tels que nous sommes à côté de lui, c’est-à-dire comme un néant à côté de l’infini, la dernière misère à côté de la suprême perfection. Ayons souvent devant les yeux dans l’oraison ce double tableau, ce qu’est Dieu et ce que nous sommes, et servons-nous de cette vue pour entrer dans une humilité de plus en plus profonde. Ne regardons jamais ni nous ni nos œuvres, ni aucun humain, ni aucune œuvre humaine seuls, isolés de Dieu, mais regardons toujours Dieu en même temps que toutes créatures et toutes œuvres des créatures ; c’est la seule manière vraie, exacte, de les regarder, puisque tout ce qui est, tout ce qui se fait, est et se fait en Dieu, et c’est le seul moyen d’en avoir une idée vraie, juste, exacte, car de cette vue continuelle de tout en Dieu, naîtra l’estime des choses à leur juste valeur, l’estime infinie de Dieu et son amour infini, Lui dont nous aurons sans cesse devant les yeux les perfections ineffables, et un sentiment profond du néant de tout le créé, de celui de nos œuvres, de notre extrême misère. C’est ce que recommande Ste Térèse : « Regardez Dieu, dit-elle, rien ne vous fera mieux comprendre votre misère, rien ne vous établira mieux dans la connaissance de vous-mêmes et dans l’humilité, que la vue de Ses perfections. »… Plus nous contemplerons, plus nous admirerons la beauté de Notre Bien-aimé, plus nous serons confus de notre laideur[1].
[1] Commentaire sur Mt 3,11, en C. de Foucauld, Commentaire de Saint Matthieu, Nouvelle Cité, Paris 1989, 184-186.